Vers la vérité et la réconciliation : honorer la voix de Cecilia

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Le 30 septembre, à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et réconciliation et de la Journée du chandail orange, nous nous arrêtons collectivement pour réfléchir aux blessures laissées par le système des pensionnats autochtones, mais aussi à reconnaître la résilience et la vitalité des communautés autochtones d’aujourd’hui. 

Pour le Collège Nordique, c’est avant tout une invitation à écouter. Écouter les récits, les langues et les savoirs qui nous entourent. C’est pourquoi nous souhaitons partager le témoignage de Cecilia Wood, interprète et enseignante de langue tłı̨chǫ à Yellowknife. 

Quand l’apprentissage devient un lien vivant 

Dans ses cours virtuels et en présentiel au Collège Nordique, Cecilia accompagne des apprenantes et des apprenants qui portent chacun une histoire unique. 

Pour Julianna, par exemple, apprendre la langue est une façon de se reconnecter à ses racines et de transmettre cette richesse culturelle à ses enfants, qui l’accompagnent parfois en classe. Sa mère, Celine Mackenzie Vukson, une femme Tłı̨chǫ et doctorante à l’Université Trent de Peterborough, a grandi avec Cecilia à Behchokǫ̀. Celine se souvient du père de Cecilia, Jo Drybones, comme interprète du chef Jimmy Bruneau. Elle a récemment réfléchi à ce lien et a partagé avec Cecilia les paroles sincères suivantes : 

« Elle (Julianna) aime apprendre. J’ai dit à Julianna qui était ton père en tant qu’interprète du chef Jimmy Bruneau, un homme très respecté. Je lui ai dit qu’elle était entre de bonnes mains dans ta classe de tłı̨chǫ. Le chef Jimmy Bruneau était l’arrière-grand-oncle paternel de Julianna… Je crois que nous sommes des apprenantes et amies à vie grâce à leur héritage et à leurs liens (le chef Bruneau avec son interprète Jo Drybones). » 

Aux côtés de Julianna, Mike, qui n’est pas Déné, vit un parcours tout aussi inspirant. C’est lui qui a proposé en premier de suivre les cours ensemble, mû par le désir sincère de pouvoir communiquer avec la famille tłı̨chǫ de Julianna. Ayant déjà appris l’espagnol, il comprend les défis liés à l’apprentissage d’une langue et sait ce que cela signifie de vivre dans un pays où l’on ne parle pas sa langue maternelle. Ensemble, Julianna, Mike et les autres personnes apprenantes de la langue tłı̨chǫ incarnent la beauté des liens intergénérationnels et interculturels qui se créent à travers la langue. 

« Sı̨ Cecilia sìyeh. Semǫ Monì eyıts’ǫ setà Jo Dybones gìyeh ı̨lè. Je m’appelle Cecilia. Ma mère et mon père étaient Monique and Jo Dybones. » 

Depuis 2004, Cecilia travaille comme interprète à l’hôpital. Son rôle dépasse la simple traduction : il est une passerelle entre les mondes, un espace où la langue devient outil de soin, de compréhension et de dignité. 

« Quand je vois une personne non dénée réussir à s’exprimer en tłı̨chǫ, c’est très touchant. C’est excitant de voir quelqu’un qui n’a pas grandi avec la langue faire l’effort de l’apprendre, de la parler et de la faire vivre. » 

Cecilia se souvient d’un médecin qui, après quelques mois d’apprentissage, l’a saluée en tłı̨chǫ dans la cafétéria de l’hôpital. La surprise et l’admiration de ses collègues ont transformé ce simple échange en moment marquant : un rappel que la langue peut ouvrir des portes inattendues et créer des liens sincères. 

Partager la langue au Collège Nordique 

En plus de son travail d’interprétation, Cecilia s’implique dans les cours de tłı̨chǫ yatıì au Collège Nordique. Aux côtés de Rosie Benning, la facilitatrice des cours de langues et Directrice de l’enseignement et de la formation, elle guide les personnes étudiantes dans l’apprentissage de la langue en apportant sa voix, son expérience et ses récits. 

La présence de Cecilia est précieuse : elle permet aux apprenantes et apprenants de vivre la langue à partir d’une perspective dénée et de bénéficier directement de ses récits de vie authentiques. Comme elle le rappelle souvent, enseigner une langue, c’est aussi transmettre une vision du monde et un lien avec la communauté. 

Quand l’apprentissage devient réconciliation 

Ce que raconte Cecilia rejoint plusieurs initiatives auxquelles le Collège Nordique collabore. Chaque fois qu’une personne s’engage à apprendre le tłı̨chǫ ou le wıı̀lıı̀deh, il ne s’agit pas seulement de vocabulaire : c’est un geste de respect et de rapprochement. 

En partenariat avec le Gouvernement Tłı̨chǫ et les communautés, des espaces d’apprentissage sont créés pour rendre ces langues accessibles à plus de personnes. Les activités immersives — perlage, camps de tannage, ateliers sur les plantes médicinales — permettent de vivre la langue plutôt que de seulement l’étudier. Ces initiatives soutiennent la reconnaissance des savoirs autochtones et l’importance de leur transmission. 

Écouter pour agir 

La vérité et réconciliation n’est pas un concept abstrait. C’est un chemin qui se trace chaque fois qu’une personne choisit d’apprendre quelques mots en tłı̨chǫ pour saluer, chaque fois qu’un espace est créé pour accueillir un cours de langue autochtone, chaque fois qu’une voix comme celle de Cecilia est entendue et valorisée. 

En cette Journée nationale de la vérité et réconciliation, nous remercions toutes les personnes qui, comme Cecilia, portent leur langue avec fierté et la partagent avec générosité. Leur courage et leur passion nous rappellent que la réconciliation commence par de petits gestes quotidiens, qui, mis ensemble, transforment nos communautés. 

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