L’Institut d’été 2025 au Yukon renforce les liens dans la francophonie nordique

Dans ce témoignage, Margarita Sánchez Ovando, enseignante de français et d’espagnol au Collège Nordique, revient sur son expérience formatrice et humaine à l’Institut d’été 2025. 

Du 4 au 8 août 2025, j’ai participé à l’Institut d’été pour le personnel scolaire de français langue seconde (FLS), organisé à Whitehorse par l’Association franco-yukonnaise (AFY), en partenariat avec le ministère de l’Éducation du Yukon. Cette formation visait à renforcer les compétences pédagogiques des personnes enseignantes œuvrant dans les contextes nordiques, en particulier dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et au Nunavut. Une semaine d’apprentissages et de connexions humaines qui m’a profondément marquée. 

Un accueil chaleureux et des intentions claires 

Tout a commencé autour d’un petit-déjeuner en compagnie de cinq collègues du Nord, venues de Yellowknife, Dawson et Whitehorse, ainsi que de deux formatrices chevronnées : Nathalie Walsh et Catherine Bouchard. Leur expérience en enseignement du français langue seconde en milieu scolaire a donné le ton d’une semaine riche en échanges. L’AFY était représentée avec énergie et bienveillance par Élodie Vidal, dont la présence a soutenu une coordination fluide et humaine tout au long de la formation. 

Dès le départ, les objectifs étaient clairs : explorer ensemble les multiples visages de la francophonie nordique, développer de nouvelles approches pédagogiques adaptées à nos réalités, et favoriser la mise en réseau entre les personnes participantes et les personnes professionnelles de la communauté. 

Une pédagogie enracinée dans le territoire 

Sous le thème Nos identités Francofun, la programmation de l’Institut proposait une série d’activités créatives et réflexives, axées sur les arts, le langage, la narration et la mise en valeur de notre environnement naturel comme outil pédagogique. 

Les ateliers offerts nous ont permis de repenser notre pratique dans une perspective inclusive, ancrée dans le territoire. Parmi les moments forts, une rencontre avec Monique Lévesque – personne enseignante en immersion et membre de la Nation huronne-wendat – a invitées les personnes présentes à réfléchir aux liens entre éducation et décolonisation dans les écoles francophones minoritaires. Le lieu, le Centre culturel Kwanlin Dün, a renforcé la résonance de cette discussion. 

Nous avons aussi eu le privilège de participer à un atelier d’art éphémère avec l’artiste nordique Marie-Hélène Comeau, dont la démarche artistique nous a reconnectées au présent, à la nature et à notre capacité à transmettre autrement. Enfin, des moments musicaux intergénérationnels ont été animés par Danielle Bonneau et Éric Desaulniers, dans une atmosphère conviviale où nous avons chanté ensemble les répertoires francophones de notre jeunesse. 

Quand la nature inspire l’enseignement 

L’un des éléments marquants de cette semaine a été la proximité avec la nature spectaculaire du Yukon. Au fil des jours, les apprentissages formels se sont entremêlés avec des expériences en plein air porteuses de sens : randonnée autour du lac Long, marche dans le canyon Miles, canotage sur le lac Chadburn… Chaque activité a nourri notre réflexion sur les façons d’intégrer l’environnement à l’enseignement de la langue et de la culture. 

Une francophonie nordique en mouvement 

Plus qu’une formation, l’Institut d’été a permis de reconnaître la valeur de notre travail dans des contextes minoritaires souvent méconnus. Nous avons partagé nos défis et célébré nos forces, dans un espace qui valorisait les voix nordiques, la collaboration et la créativité. 

Je repars avec une trousse d’outils enrichie, mais surtout avec une vision renouvelée de notre rôle comme personnes médiatrices de la langue française dans le Nord. En enseignant en contexte nordique, nous contribuons à une francophonie vivante, plurielle et ancrée dans les réalités de nos territoires. 

À propos de l’autrice 

Margarita Sánchez Ovando est enseignante de français et d’espagnol au Collège Nordique. Originaire du Mexique et titulaire d’un doctorat en sciences de l’éducation de l’Université Paris V, elle met la diversité linguistique, culturelle et environnementale au cœur de sa pédagogie. Elle voit dans l’enseignement des langues un outil de transformation sociale et de dialogue interculturel.